L’Europe pourrait bien assister à un autre épisode d’ambitions technologiques s’éloigner de sa portée : les carburants d’aviation durables (SAF). Tandis que le continent se fixe des objectifs environnementaux ambitieux, la production locale de ces carburants révolutionnaires peine à décoller, un clignotant rouge similaire à celui observé avec les batteries électriques dans le secteur automobile. De nombreux grands acteurs comme Shell et BP se retirent, reflet d’un manque de demande et de modèles économiques fragiles, alors que la production migre vers des horizons américains et asiatiques. Avec le projet européen Refuel EU, l’Union tente de stabiliser le cap, mais face à une compétition mondiale fervente, l’Europe risque de rester en vol stationnaire.
L’Europe est confrontée à un défi majeur concernant l’adoption des carburants d’aviation durables (SAF). Malgré des initiatives réglementaires telles que Refuel EU pour encourager leur utilisation, la production reste limitée. Cette situation rappelle la lutte pour la domination de la production de batteries électriques, où l’Europe semble en retard par rapport à d’autres régions du monde. La suspension des projets SAF par des acteurs majeurs comme Shell et BP souligne cette défiance. Par ailleurs, les usines SAF prolifèrent aux États-Unis et en Asie, tandis que l’Europe pourrait dépendre de l’importation, rendant difficile la création d’une filière souveraine. La situation met en exergue le besoin d’un signal politique fort pour dynamiser ce secteur stratégique et éviter un échec similaire à celui des batteries électriques.
Table des matières
Togglele cadre réglementaire européen pour l’intégration des carburants durables
L’Europe a mis en place un cadre incitatif pour promouvoir les carburants d’aviation durables (SAF). Le règlement Refuel EU est une stratégie visant à intégrer progressivement ces carburants dans le secteur aérien. Cependant, malgré ces efforts, la production reste profondément insuffisante par rapport à la demande croissante. Le manque d’investissements et de projets est encore trop flagrant, principalement dû à la fragilité du modèle économique et aux incertitudes réglementaires. Les producteurs sont peu encouragés à investir dans ce domaine crucial, ce qui pousse les compagnies aériennes à chercher des solutions à l’extérieur de l’Europe.
comparaison avec le secteur des batteries électriques
À l’instar des batteries électriques dans l’automobile, l’Europe pourrait perdre le leadership sur les SAF au profit des États-Unis et de l’Asie. Le marché des batteries a vu l’avènement de géants asiatiques qui ont dominé la production mondiale, un scénario qui pourrait se répéter avec les carburants d’aviation durables. L’Europe se retrouve ainsi dépendante de technologies étrangères alors même qu’elle a mis des régulations en place pour soutenir l’innovation locale. Cette dépendance fragilise l’autonomie énergétique et industrielle du Vieux Continent.
enjeux économiques et environnementaux
Le coût des SAF reste un obstacle majeur. En France, une tonne de SAF coûterait autour de 5000 euros, contre 2000 euros aux États-Unis. Cette différence de prix décourage les investissements et rend les compagnies aériennes européennes moins compétitives. Pour Anne Rigail, directrice générale d’Air France, cela entraînerait un surcoût considérable dès 2030. Ainsi, sans incitations fortes, tant politiques qu’économiques, le développement rapide et massif de cette technologie risque de stagner, entravant ainsi les objectifs environnementaux fixés par l’Europe pour une aviation neutre en carbone. Plus d’information sur l’impact des avions sur le changement climatique peut être consultée sur le site du Ministère de la Transition écologique.